Dylanesque

Don'tLookBack

Mardi 1er novembre 2011 à 0:56

Après l'accident de moto, repos à Woodstock avec Sara et les gamins. L'occasion de flâner à la campagne, de revenir un peu aux sources (alors que l'idole Guthrie vient de disparaître) et de jammer avec les potes du Band dans une grande maison rose. De partir à Nashville et de copiner avec Johnny Cash et de réaliser son rêve : imiter Elvis Presley. Une période que j'affectionne tout particulièrement et qui a fait l'objet de jolis bootlegs. Encore une fois, vous pouvez les trouvez sur le marché ou bien télécharger directement les fichiers grâce à un lien ou deux dissimulés dans ces pages. Bonne ballade...

http://dylanesque.cowblog.fr/images/dylan/tumblrl5bmbooY8Y1qcxxuwo1500.jpg

27) The Genuine Basement Tapes [Avril à Octobre 1967]
Contenu : Ce coffret d'anthologie (dont je possède pour de vrai le 3ème volume !) vous propose une immersion total à Big Pink, dans le sous-sol où Dylan et le Band enregistrèrent durant six mois des vieux standards, de nouvelles chansons, tout et n'importe quoi et parfois, du sublime. Les "Basement Tapes" officielles parus en 1975 n'étaient que le sommet de l'iceberg et vous retrouverez ici monts et merveilles, avec un son tour à tour correct ou minable, mais peu importe, l'important ici est ce voyage aux racines de la musique américaine, la version musicale de l'épopée narrée par Greil Marcus dans "La République Invisible". Des personnages venus de tous les recoins de la mémoire collectif se retrouvent à la croisée des chemins de ces quatre CDs et vous trouverez des perles comme "Joshua Gone Barbados", reprise du vieux camarade Eric Von Schmidt, des farces aussi improbables que "Even A Tomato" ou bien le combo "I'm Not There/Sign on the Cross", les deux chansons les plus mystiques et hantées du Zim, deux litanies qui annoncent les thèmes religieux de "John Wesley Harding" et qui peuvent, si on les écoutent de trop près, vous foutre dans un terrible état de transe...
Highlights : "Sign on the Cross", "I'm Not There", "Joshua Gone Barbados", "This Wheel's On Fire", "The French Girl", "All You Have to Do Is Dream", "Hills of Mexico", "One for the Road", "Going to Acapulco", "Rocks, Salts & Nails", etc...
Son : 6/10 (mais peu importe, vraiment)

28) Dylan/Cash Sessions [Février 1969]
Contenu : Là aussi, je possède une belle édition vinyle de cette jam-session aussi improbable que naturelle entre Dylan et Cash, le parrain de la country accueillant l'ancien porte-parole de la folk et rock star électrique à Nashville. Ensemble, ils reprennent Hank Williams, Elvis, ainsi que leurs propres chansons, dont un "Girl From the North Country" titubant qui ouvrira le premier album purement country de Dylan, "Nashville Skyline". C'est chancelant, imbibé d'alcool mais terriblement sincère. Ils s'amusent bien et nous aussi.En bonus, le passage de Dylan au "Johnny Cash Show", où il chante une belle version de "I Threw It All Away", ma chanson favorite de la période. 
Highlights : "I Still Miss Someone", "I Threw It All Away", "Ring Of Fire", "Blues Yodel". 
Son : 7/10.

http://dylanesque.cowblog.fr/images/dylan/m24i-copie-1.jpg

29) Isle of Wight [31 Août 1969]
Contenu : Retour sur scène tout en blanc et avec une chevrotante voix toute mielleuse, en tête d'affiche du festival de Wight, alors que l'été 1969 s'achève et que quelques membres des Beatles, en pleine dissolution, sont dans l'audience. Un moment aussi historique que le concert est déconcertant. Si j'adore "Nashville Skyline" et même "Selfportrait", je dois avouer que la prestation de Dylan est au mieux inégale, au pire navrante. Je suis certain qu'avec un son meilleur, le tout me ferait plus d'effet, mais j'avoue ne pas écouter ce tour de chant trop souvent. Reste tout de même un "Threw it All Away" au ralenti qui a son charme, un "St. Augustine" rare sur scène et un "Rainy Day Women" hilarant. Le coffret "Mighty Mockingbird" reste un must si vous voulez acquérir ce truc-là. 
Highlights : "I Threw it All Away", "I Dreamed I Saw St. Augustine", "She Belongs to Me".
Son : 6/10. 

30) Nashville Skyline/New Morning Sessions [1969-70]
Contenu : Encore une fois, il faut apprécier la période country de Dylan pour savourer ces sessions à leur juste valeur. Entouré de Johnny Cash ou de George Harrison, Dylan visite donc son répertoire (un "Just Like Tom Thumb's Blues" à la Hank Williams !) et celui des autres (de Paul Simon à Gilbert Bécaud) en mode pedal-steel et crooner et c'est souvent très plaisant. Le son est plutôt bon, ce qui ne gâche rien. Enregistrés entre 1969 et 1970, entre Nashville et New York, les chansons seront réparti entre "Nashville Skyline", "New Morning", "Selfportrait" et "Dylan" qui, en 1973, servira de débarras et de rupture de contrat. Le plus beau dans tout ça, c'est les versions piano/violons de "If Not For You", "Went to See the Gypsy", "Sign on the Window" et un "Spanish is the Loving Tongue" beau à pleurer tellement c'est pure et simple. 
Highlights : Les délicieuses versions alternatives citées plus haut ainsi que "Cupid", "Ghost Riders in the Sky" et "Yesterday" (oui !). 
Son : 8/10. 

http://dylanesque.cowblog.fr/images/dylan/297167263108773729638100000915511673796449254396398n.jpg

31) Bob Dylan Vs. A.J. Weberman [1971]
Contenu : Le 6 janvier 1971, alors que Dylan est tranquille dans son appartement new-yorkais et que Sara met les enfants au lit, un taré du nom d'A.J. Weberman lui passe un coup de fil. Proclamé chef de file de la "dylanologie", une science qui étudie le moindre fait et geste de l'artiste et l'interprète de la manière la plus extrême et conspirationniste possible (voir son site web, toujours en activité et hallucinant), Weberman a déjà croisé plusieurs fois la route du Zim (à force de fouiller ses poubelles pour tenter de le comprendre) et ce dernier se montre d'abord plutôt amusé, acceptant de répondre à ses questions les plus folles. Jusqu'à ce qu'il découvre, furieux, que son correspondant enregistre soigneusement la discussion à coeur ouvert. Dylan raccroche mais Weberman sévit toujours. Et cet entretien est un truc vraiment pathétique mais qu'on prend quand même plaisir à écouter parce qu'on est de gros voyeurs. Fais gaffe Bob, faudrait pas que ce taré soit ton David Chapman... Vendu sous la manche en vinyle, réédité en CD pirate, le coup de fil est souvent agrémenté en face B du concert au Bangladesh, où un Dylan très en forme chante superbement bien en compagnie de son pote Harrison. 
Son : 8/10. 

32) The Allen Ginsberg Session [1971]
Contenu : A.J. Weberman n'est pas le seul illuminé auquel Dylan a affaire à New York, en 1971. Il reçoit également la visite de ce bon vieux Allen Ginsberg, qui s'est amouraché de lui lors de son séjour anglais de 1965. Le pionnier de la beat-generation, le pote de Jack Kerouac et Neil Cassady, est désormais un barde barbu qui agite des clochettes et récite des mantras en compagnie d'un Dylan visiblement amusé et qui a débranché son esprit pour enregistrer ces chansons joyeusement foutraques. Avec le jouer de banjo Happy Traum et d'autres curieux, ils partent dans de longues improvisations enfumées dont certaine ont une telle entrain qu'il est impossible de ne pas les reprendre de bon coeur (comme ce "Vomit Express" qui donne le tournis mais pas la nausée). Vous pouvez retrouvez ces enregistrements sur le Net ou en cherchant bien dans la discographie du poète légendaire (qui signera volontiers pour la Rolling Thunder, quelques années plus tard). 
Highlights : "Vomit Express", "Going to San Diego", "Jimmy Berman Rag"
Son : 7/10.

http://dylanesque.cowblog.fr/images/dylan/320601274707525883164100000317558470930587587843820n.jpg

33) "Pat Garrett & Billy The Kid" Sessions [Janvier-Février 1973]
Contenu : Alors que je suis plongé dans l'écriture d'un ambitieux western (oui, premier indice concernant mon futur grand projet), rien de tel que la bande originale du film de Peckinpah, où Dylan jouait un mystérieux cow-boy, prêt à défendre son ami Billy à coups de couteaux et de regard hypnotique. Enregistré entre le Mexique et la Californie, ces sessions sont ensoleillés, détendues et parfaite pour prolonger la beauté de la bande son officielle (même si le son n'est pas de la même fraîcheur). On retrouve des improvisations aux doux parfums sud-américains, des versions alternatives de la toujours géniale "Billy" et du tube "Knockin' on Heaven's Door" ainsi que quelques dialogues sympathiques. Vous avez le choix entre plusieurs coffrets pour écouter tout ça et moi, je vous conseille "Peco's Blues", le mieux foutu. 
Highlights : "Billy #1", "Billy #2", "Billy Surrenders" Sweet Amarillo".
Son : 7/10.

La prochaine fois : une période faste, entre les sessions de "Blood on the Tracks" et la Rolling Thunder Review...

Lundi 31 octobre 2011 à 18:32

Pour ceux qui débarquent, récapitulons : je poursuis ici ma liste des 200 meilleurs bootlegs de Dylan. Enfin, c'est pas vraiment les siens, puisque c'est pas lui qui les fait, mais c'est tout son travail qui s'y trouve compilé dans ce qui reste comme la plus grande collection de disques pirates de l'histoire de la musique contemporaine. Alors moi, je vous sélectionne ce qu'il est primordial de posséder lorsqu'on veut plonger tête baissé dans l'oeuvre du Zim. J'ai glissé un lien vers ces milles trésors quelque part dans l'article, histoire de ne pas jouer les hors-la-loi. Et je vous embarque cette fois-ci dans les coulisses d'une folle aventure, la trilogie élèctrique qui va propulser Dylan au sommet entre 1965 et 1966, allant presque jusqu'à causer sa perte...

http://dylanesque.cowblog.fr/images/dylan/Dylan64new.jpg15) Newport Festival [1963-1965]
Contenu : Commençons par le fameux festival de Newport, catalyseur de l'évolution du Zim entre 1963 et 1965. Lorsqu'il y débarque pour la première fois, Joan Baez le tient par la main et le fait monter sur le trône de la scène folk. L'été suivant, il regarde déjà ailleurs et passe plus de temps à réciter de la poésie qu'à défendre les peuples opprimés. Et lors de son ultime passage, il crée un scandale en branchant les guitares et en mitraillant tout sur son passage en compagnie du Butterfield Blues Band (futur Hawks, futur The Band), marquant malgré lui l'histoire de la folk music et du rock'n'roll. Sur différentes compilations, ainsi que sur les "Bootlegs Series" officiels, vous trouverez l'intégralité de ses performances, qui valent toute le détour, que ce soit le duo passionné Dylan/Baez sur "With God On Our Side", la pureté d'un "Mr. Tambourine Man" jouer les cheveux dans le vent ou la violence d'un "Maggie's Farm" resté dans les annales et qui aurait presque valu un infractus au père de ce bon vieux Pete Seeger. Tout est documenté également dans "No Direction Home" et dans l'excellent documentaire "The Other Side of the Mirror", disponible en DVD. Aucun doute, l'intégralité du passage de Dylan à Newport est à conserver comme un passionnant livre d'Histoire. 
Highlights : "With God On Our Side" (1963), "Mr. Tambourine Man" (1964), "Maggie's Farm/Like A Rolling Stone" et "It's All Over Now" avec des larmes dans les yeux parce qu'il s'agit d'un véritable adieu (1965). 
Son : 9/10.

http://dylanesque.cowblog.fr/images/dylan/t21f-copie-1.jpg16) Thin Wild Mercury Music [1965-66]
Contenu : Probablement le meilleur coffret pour découvrir toutes les merveilleuses outtakes et prises alternatives de cette période faste où la créativité de Dylan est à son apogée. Plutôt que de nous inonder les oreilles avec un trop plein de génie, il s'agit d'une sélection méticuleuse de l'essentiel, avec des perles intemporels comme "I'll Keep it With Mine", "She's Your Lover Now" ou une version plus rythmée de "Visions of Johanna". Il existe bien entendu un tas d'autres compiles et un tas d'autres titres éparpillés entre 65 et 66, mais je conseille ce coffret aux débutants. 
Highlights : "I'll Keep it With Mine", "She's Your Lover Now", "Can You Please Crawl Out Your Window", "Visions of Johanna"
Son : 8/10. 

17) "Don't Look Back" Soundtrack [Mai 1965]
Contenu : Mais avant d'enregistrer toutes ces merveilles, Dylan avait encore un tour d'Angleterre à faire et un tas de protest-song à chanter devant un public qui est venu pour ça. On peut admirer la mutation de l'artiste devant un public perplexe dans l'indispensable documentaire "Don't Look Back", premier rockumentaire réédité dans une belle édition DVD. Ce qui nous intéresse ici, c'est les performances de Dylan qui bâcle ses vieilles scies folk mais brille lorsqu'il interprête ses titres les plus récents, comme "It's Alright Ma (I'm Only Bleeding)". On peut également entendre les jams-sessions entre Dylan, Neuwirth et Baez (qui sera bientôt virée de l'aventure), chantant en coeur des classiques d'Hank Williams. Et le plus beau reste encore cette improvisation au piano...
Highlights : "Concert Medley", ""Piano/Harmonica Tune", "Lost Highway"
Son : 7/10.

18) Manchester, Free Trade Hall [7 Mai 1965] 
Contenu : Dernier témoignage d'un concert tout acoustique, enregistré au printemps 1965 à Manchester. Un bon complément à "Don't Look Back" et sa bande-son, surtout que le son a été conservé parfaitement. Dès l'intro, avec un "The Times They Are A-Changin'" joué à toute vitesse, on sent que oui, les temps vont changer et que des chansons comme "Hattie Carroll" ou "With God On Our Side" sont déjà les vestiges d'une époque révolue. Le reste est un torrent de poésie récité avec style et intensité. 
Highlights : "Love Minus Zero/No Limit", "Gates of Eden", "It's Alright Ma (I'm Only Bleeding)", "Talkin' World War III Blues"
Son : 9/10. 

http://dylanesque.cowblog.fr/images/dylan/Dylan65dlbn.jpg

19) BBC Broadcast 1965 [June 1965]
Contenu : Même ambiance que sur la tournée anglaise de 1965, sauf que là, c'est enregistré pour la BBC. Malgré le son pas si professionnel pour une telle institution, il s'agit encore une fois d'un instantané de cette période de mutation, avec un Dylan en parfait contrôle de son art. 
Highlights : "She Belongs to Me", "One Too Many Mornings", "Boots of Spanish Leather"
Son : 7/10. 

http://dylanesque.cowblog.fr/images/dylan/g17f.jpg20) "Highway 61 Revisited" Sessions [June 1965]
Contenu : Il y a donc le coffret "Thin Wild Mercuy" cité plus haut mais vous pouvez aussi vous procurez l'intégralité des sessions d'"Highway 61 Revisited", le meilleur album jamais enregistré. D'excellentes prises alternatives de "Tombstone Blues", "Highway 61" ou "Just Like Tom Thumb's Blues", un "Desolation Row" au rythme différent, une version encore plus bluesy de "It Takes A Lot to Laugh, It Takes A Train To Cry", des curiosités pleine d'énergie improvisé avec les Hawks et pour les complètistes, un tas de versions de "Like A Rolling Stone", de l'ébauche au piano avec la voie enroué à ce morceau intemporel qui a inspiré tout un bouquin à ce taré de Greil Marcus. Hélas, pas de nouvelle version de "Queen Jane"...
Highlights : "Sitting on a Barbed Wire Fence", "Like A Rolling Stone, take 1", "Just Like Tom Thumb's Blues"
Son : 8/10. 


21) Hollywood Bowl 1965 |1er Septembre 1965]
Contenu : Et la formule qui fera scandale à travers le monde l'année suivante se déploie véritablement dans un stade californien, en cette rentrée 1965. D'abord les meilleurs chansons acoustiques des trois derniers albums, puis les Hawks qui viennent allumer la poudre avec un concentré énergique mais encore un peu maladroit de rock'n'roll symboliste. L'audience n'exige pas encore d'être remboursé mais il y a de l'électricité dans l'air et c'est l'occasion d'entendre Al Kooper à l'orgue, celui qui plus tard avouera avoir craint pour sa vie et celle de Dylan pendant toute cette tournée expérimentale... 
Highlights : "Tombstone Blues", "Desolation Row", "Like A Rolling Stone"
Son : 7/10. 

22) Berkeley 1965 [4 Décembre 1965]
Contenu : Même combat, quelques mois plus tard, toujours en Californie. Si Al Kooper a quitté l'aventure, le groupe a trouvé son rythme de croisière et pour un enregistrement amateur de 1965, la qualité est plutôt correct. 
Highlights : "Positively 4th Street", "Long Distance Operator"
Son : 6/10. 

http://dylanesque.cowblog.fr/images/dylan/Dylan65u.jpg

23) San Francisco Press Conference [Décembre 1965]
Contenu : Ceux qui ont la chance de posséder le bouquin "Dylan par Dylan", recueil d'entretiens, savent que la verve et l'arrogance du chanteur font également partie de son oeuvre et que lire ces interviews sont parfois aussi riches que ses chansons. En plein malentendu avec les journalistes, Dylan donne une conférence à San Francisco, le 17 décembre 1965 et fait son habituel travail de répartie et d'absurde. L'enregistrement a vieilli mais reste un document primordiale pour comprendre les états d'âme du Dylan rock-star. 
Son : 6/10. 

http://dylanesque.cowblog.fr/images/dylan/g1334.jpg24) Denver Hotel Tape [13 Mars 1966]
Contenu : Dans une chambre d'hôtel de Denver, Dylan fredonne ce qui servira de base à l'élaboration finale de "Blonde On Blonde", apothéose qui germe dans son esprit depuis l'automne dernier et qui sera bientôt livré au monde entier. Cette chambre d'hôtel, c'est le calme avant la tempête. Si le son n'est pas toujours de grande qualité, on peut entendre les prémices et l'évolution de "Sad-Eyed Lady of the Lowlands" et d'autres variations surréalistes... 
Son : 6/10. 

25) Glasgow Hotel Tape [19 Mai 1966]
Contenu :  Et cette chambre d'hôtel, c'est le calme pendant la tempête, comme on le découvre en visionnant "Eat the Document" (disponible sur Youtube, en attendant une sortie DVD hautement improbable). Face à Robbie Robertson et à l'abri de la foule qui veut sa peau, Dylan dessine des bouts de chansons du bout de ses longs doigts osseux, des bouts de chansons qui vont former ce "Can't Leave Her Behind", 1 minutes 27 de pure beauté, un petit trésor à posséder absolument. 
Son : 6/10. 


26) Genuine Live 1966 [Printemps 1966]
Contenu : Un coffret de huit CDs qui retranscrit la quasi-intégralité de la tournée printanière de 1966, qui mènera Dylan et son orchestre diabolique de l'Australie à l'Europe. Tout est là, et bien plus encore. On peut trouver les différents CD séparèment ou dans des coffrets encore plus vastes, mais on peut se contenter de celui-là car, de toute façon, le tout est répétitive et chaque concert n'a pas la même qualité d'enregistrement. Je conseille celui de Sydney où l'on entendrait presque Dylan pleurer lors de son set acoustique, celui de Manchester qui est resté célèbre et que vous connaissez déjà grâce à "No Direction Home" et au "Bootleg Series Vol.4" (juste le meilleur concert de tous les temps, hein) et toute la fureur, la beauté et la tristesse de cette tournée mythique vous appartiendra. Soit en petit morceaux, soit en intégralité, il y a l'embarras du choix.  

http://dylanesque.cowblog.fr/images/dylan/Dylan66tourq.jpg

La prochaine fois : après le crash, Dylan récupère et prend le temps d'enregistrer à la campagne... 

Dimanche 30 octobre 2011 à 17:30

Tiens, c'est mon 200ème article. 

Puisque je n'ai pas beaucoup publié ces temps-ci et que j'ai du mal à écrire mon compte-rendu du passage de Dylan à Paris, je me suis mis au travail et je vous propose une liste. Elle est longue. Elle intéressera surtout les passionnés du Zim. Les non-initiés, je les renvoie d'abord à sa discographie officielle. Là, il s'agit de 200 bootlegs incontournables pour ceux voudrait se consacrer oreilles et âmes dans l'oeuvre de Robert Zimmerman, dont chaque note de musique a été enregistrée (ou presque). 

Quoi, c'est pas très légal tout ça ? Je prends le risque. Certains sont disponibles sous le manteau lors de convention de disques, d'autres sont trouvables seulement sur le net. Et si vous fouillez bien, vous trouverez des liens pour télécharger tout ça, je les ai bien cachés tout au long de l'article. Histoire de pas vous étouffer direct avec trop d'informations, j'ai découpé cette article par périodes et la suite devrait paraître selon le rythme à lequel j'avance. D'abord, l'ère folk, acoustique, les débuts. 

Alors bonne lecture et merci de m'avoir été fidèle 200 fois. 

***

http://dylanesque.cowblog.fr/images/887059.jpg1) Songs For Bonnie [1961]

Contenu : Pour commencer, un truc historique, le premier bootleg de l'histoire, paru à l'origine en 1969 sous le nom "Great White Wonder" et distribué sous le manteau. Il contient vingt-cinq morceaux enregistré par le jeune Bob Dylan, 20 ans, dans une chambre d'hôtel du Minnesota, alors que dehors il fait froid. On est en décembre 1961 et le répertoire du gamin de Duluth est principalement constitué de reprises de standards blues-folk, qu'il a sûrement ingurgité en volant les disques de ses copains ou en écoutant la radio tard dans la nuit. Bien entendu, on retrouve du Woody Guthrie ainsi que du Blind Lemon Jefferson, du Leroy Carr, du Big Joe Williams, on a les grands classiques avec "Man of Constant Sorrow" ou "Naomi Wise" (qui sera reprise en concert à la fin des années 80), quelques titres se retrouveront sur son premier album et d'autres, comme le sublime "I Was Young When I Left Home", seront publiés officiellement des décennies bien plus tard. La voix essaye d'imiter les anciens, l'harmonica est chevrotant et il s'agit d'un document indispensable pour qui s'intéresse aux débuts de Dylan, qui vient juste de trouver son surnom et s'apprête à quitter le Minnesota pour partir continuer son apprentissage dans les rues de New York. 
Highlights : "I Was Young When I Left Home", "Cocaine Blues", "Man Of Constant Sorrow", "I Ain't Got No Home". 
Son : 9/10. 

http://dylanesque.cowblog.fr/images/carnegiehall21961.jpg2) Live At Carnegie Hall [1961]
Contenu : Organisé par Izzy Young, il s'agit du premier concert où Dylan est tête d'affiche. Faute de véritable promotion, seulement une cinquantaines de curieux se réunirent le 4 novembre 1961 pour applaudir timidement un gamin qui part dans de longues improvisations à la guitare et à l'harmonica, qui reprend des classiques du répertoire folk et propose deux compositions qu'on retrouvera sur son premier album, "Song to Woody" et "Talkin' New York". Le tout entrecoupé de blagues et de faux accords. Avec sa malice et un style unique, le gamin parvient presque à charmer son auditoire. Izzy Young se ruine mais participe à l'Histoire. 
Highlights : "Song to Woody", "Talkin' New York", "In The Pines" et la longue récitation de "Black Cross", reprise de Lord Buckley, une fable sur le racisme qui fait froid dans le dos...
Son : 8/10. 

3) The Gleason Tapes [1961-62]
Contenu : Lors d'une résidence à East Orange dans le New Jersey, Dylan rencontre les parrains de la scène folk et récite pendant une bonne demi-heure les classiques du genre. Cette compilation nous propose un enregistrement de sa performance, couplé à quelques vieilles cassettes datant de l'année précédente alors que Dylan avait abandonné ses études et squattait chez un couple d'amis à Minneapolis. Malgré le son archaïque, voilà de jolies embryons. 
Highlights : "San Francisco Bay Blues", "Gypsy Davey", "Trail of the Buffalo", "Acne". 
Son : 5/10. 

http://dylanesque.cowblog.fr/images/0000999739500.jpg4) Folksinger's Choice [1962]
Contenu : Une émission de radio en compagnie de Cynthia Gooding, diffusé en mars 1962, alors que Dylan est la star montante de Greenwhich Village. Même recette que d'habitude : des reprises interprêté tour à tour avec un sérieux déconcertant ou beaucoup de malice. Et surtout, des entretiens où Dylan raconte des fables, des bobards, construit son personnage avec de l'humour et de la nonchalance, face à une animatrice visiblement conquise par son charme. L'émission sera édité de manière plus ou moins officielle en 2010 et est selon moi le témoignage le plus agréable à écouter de la période. 
Highlights : "Lonesome Whistle Blues" (reprise d'Hank Williams), "Death of Emmett Till", "Hard Times in New York". 
Son : 9/10. 

5) The Gaslight Tapes [1962]
Contenu : New York. 1962. Le Gaslight. Un café-concert, au beau milieu des rues froides du Village. Le rendez-vous des amateurs de folk. On y voit de la lumière, on y entre pour se réchauffer. Sur la scène, un gringalet s'acharne sur sa pauvre guitare, et chante de sa voix nasillarde, des airs hérités de Woody Guthrie et des traditionnels folk ("The Cuckoo Is A Pretty Bird"). Pas impressionant pour un sou, ce gamin, avec son accent de chèvre et son air timide, renfermé. Pourtant, dans ce café, l'histoire de la musique est en marche, et ne va pas tarder à se réinventer à travers ce jeune gringalet... En plus des tradionnelles folk-songs, il compose le Dylan. De la pure poésie, ces textes, évoquant l'actualité avec ironie et lyrisme ("A Hard Rain's A-Gonna Fall"). On se laisse porter par la pure beauté de "Moonshiner", par la douce mélodie injectée de venin qu'est "Don't Think Twice (It's Alright)". On retrouve la même magie que sur son premier album, sorti la même année, et on se dit que ce type a un sacré potentiel, mine de rien... Là aussi, on a eu le droit à une sortie officielle à édition limitée en 2005 et là aussi, c'est indispensable. 
Highlights : "Moonshiner", "Cocaine", "John Brown", "A Hard Rain's A-Gonna Fall". 
Son : 9/10. 

http://dylanesque.cowblog.fr/images/bobandsuze.jpg6) The Freewheelin' Bob Dylan Outtakes [1962]
Contenu : Comme son nom l'indique, cette compilation réunit toutes les prises qui ne figureront pas sur le deuxième album de Dylan, "The Freewheelin' Bob Dylan". Il faut dire qu'il avait apporté en studio de quoi remplir dix faces, que ce soit avec d'éternels reprises (d'Elvis à Guthrie en passant par Hank Williams, la sainte trinité) ou bien des compositions qui varient entre boutades légères ("Baby, I'm in the Mood for You", Mixed-Up Confusion", qui prouve que l'électricité fut branché bien avant 1965) et protest-song apocalyptiques ("Let Me Die in My Footsteps", "Death of Emmett Till"). On retrouve également des prises alternatives de morceaux retenus sur l'album, ce qui permet d'admirer les superbes accords de "Corrina, Corrina" ou la genèse de la "Ballad Of Hollis Brown", qui sera pourtant remisé au placard en attendant l'album suivant. Comme chaque collection d'outtakes de Dylan, c'est à découvrir les yeux fermés. 
Highlights : "Corrina, Corrina", "That's Alright Mama, "Mixed-Up Confusion", "Talkin' John Birch Paranoid Blues". 
Son : 8/10.  

7) Broadside Sessions [1962-63]
Contenu : "Broadside", c'est à l'époque l'émission folk incontournable et comme la star du moment était Dylan, il a dû s'y coller et aller y chanter son lot habituel de compos et de reprises. D'abord en mai 1962, puis en mars et août 1963. Cette compilation est donc l'occasion de voir l'évolution des compositions folk du jeune Dylan, mélangeant les perles de "Freewheelin" (l'hymne "Blowin' in the Wind", "Masters of War", "Oxford Town"), celles de "The Times They Are A-Changin'" ("Only a Pawn in Their Game") et des inédits inspirés ("Paths of Victory", "Only A Hobo", "Farewell"). Tout ça sera plus tard au programme du premier volume des "Bootleg Series" officielles. 
Highlights : "Paths of Victory", "Oxford Town", "Masters of War". 
Son : 6/10. 

http://dylanesque.cowblog.fr/images/978StolenMoments-copie-1.jpg

8) Stolen Moments - Live at Town Hall, NY [Avril 1963]
Contenu : Un superbe coffret au packaging parfait et au son impeccable, témoignage d'un concert au Town Hall, à New York, le 12 avril 1963. Sûr de lui et accompagné d'une setlist qui est le condensé du meilleur de son répertoire folk, Dylan livre une performance sans fausses notes et devant un public enthousiaste. Qu'il termine en lisant un long poème consacré à son idole Woody Guthrie. Personne ne se doute alors que l'élève a déjà dépassé le maître... Si affectionnez cette période et que vous tombez sur "Stolen Moments" lors d'une convention de disques, n'hésitez pas une seule seconde. 
Highlights : "Last Thoughts on Woody Guthrie", "Boots of Spanish Leather", "With God On Our Side", "Seven Curses"...
Son : 9/10. 

http://dylanesque.cowblog.fr/images/tumblrlc8l3d9aE21qbeumgo1500-copie-2.jpg9) The Bear Club, Chicago [Avril 1963]
Contenu : Même s'il est introuvable dans un coffret de la même qualité, ce concert à Chicago est une belle performance datant de la même époque du live à Town Hall. La setlist est plutôt similaire mais Dylan semble plus concerné que jamais par ses récits et il y a un souffle permanent sur la bande qui, pour une fois, est une bonne chose puisqu'il donne une ambiance sépia approprié. On dirait presque qu'il pleut pour de vrai sur "Hard Rain" et l'écho sur "With God On Our Side" donne des frissons dans le dos...
Highlights : "Hard Rain", "With God On Our Side", "Bob Dylan's Dream". 
Son : 7/10 (même si le souffle et l'écho sont chouettes). 

10) "The Times They Are A-Changin'" Sessions [1963]
Contenu : Parsemé sur différentes compilations, ces outtakes sont également disponibles pour la plupart sur le "Bootleg Series Vol.1". En plus de prises alternatives, il y a des perles, des chansons plus personnelles et romantiques qui n'auraient pas vraiment eu leur place sur l'album mais annoncent déjà un nouveau tournant pour Dylan. 
Highlights : "Percy's Song", "Eternal Circle", "Mama You've Been On My Mind".
Son : 8/10. 

11) Studs Terkel's Wax Museum [Mai 1963]
Contenu : Une émission de radio diffusée le 1er mai 1963, où l'on retrouve les morceaux du nouvel album et des interviews, le tout compilé dans un coffret au packaging et au son impeccable. Un must pour appréhender le cru 63. 
Highlights : "Who Killed Davey Moore ?", "A Hard Rain's A-Gonna Fall".
Son : 9/10.  

http://dylanesque.cowblog.fr/images/dylan/i18f.jpg12) In Concert - Carnegie Hall, 1963 [Octobre 1963]
Contenu : Le plus beau concert de 1963. Deux ans après son premier passage au Carnegie Hall, Dylan est devenu le petit roi de la scène folk, plus seulement connu dans les rues de New York, mais par le pays tout entier, notamment grâce au succès de "Blowin' in the Wind", l'aide de Joan Baez et son passage au festival de Newport durant l'été. Seul avec sa guitare et son harmonica, il livre une performance courte mais intense, en mélangeant des protest-songs qui claquent dans l'air et des ballades qui font trembler. On a l'impression d'y être et c'est peut-être l'ultime témoignage d'un Dylan concerné par des chansons comme "Davey Moore" ou "With God On Our Side". C'est souvent beau à pleurer et c'est à posséder et à écouter seul, un soir d'automne, avec une bougie allumé. 
Highlights : "North Country Blues", "Boots of Spanish Leather", "Lay Down Your Weary Tune". 
Son : 9/10. 

http://dylanesque.cowblog.fr/images/dylan/Dylan64coll.jpg13) "Another Side of Bob Dylan" Sessions [Juin 1964]
Contenu : Et les temps ont changés. Tournant le dos à une scène folk dont il ne veut plus être le porte-parole ou le pantin, Dylan s'épanouit dans un univers plus personnelle et poétique avec ce nouvel album, dont les sessions ont été conservés. On y trouve un "Mr. Tambourine Man" sublimé par la guitare de Bruce Langhorne, un "All I Really Want To Do" avec un vers supplémentaire, un Ramblin' Jack Elliot qui fredonne ça et là, et deux outtakes, "Denise" et "California" qui, même si elles sont indéniablements plus faibles, valent le coup d'oreille. 
Highlights : "All I Really Want To Do", "Mr. Tambourine Man" et "I Shall Be Free #10". 
Son : 8/10. 

14) Philarmonic Hall, 1964 [Octobre 1964]
Contenu : Halloween, c'est demain. Et que faisait Dylan le soir d'Halloween, en 1964 ? Il donnait au Philamornic Hall une prestation enjouée et inoubliable en compagnie de Joan Baez et prouvait définitivement qu'il était en pleine mutation. Le mieux pour écouter ce concert culte, c'est encore de se procurer le "Bootleg Series Vol.6" qui lui est consacré et dont je faisais une chronique
ici
Highlights : "All I Really Want To Do", "Don't Think Twice (It's Alright)", "If You Gotta Go", "Gates of Eden". 
Son : 10/10. 

Dès que possible, la suite avec la période électrique, de 1965 à 1966...

Samedi 27 août 2011 à 17:09

 2/3 : Au son de l'harmonica...

Nous sommes toujours en compagnie de Dylanesque. Après avoir ouvert une bouteille, il allume une cigarette et accepte de parler de son sujet de prédilection : Dylan. Et la musique en général...

http://dylanesque.cowblog.fr/images/Dylan74hat.jpg

Reporter : Parlons musique maintenant, si vous le voulez bien...

Dylanesque : Je le veux bien. À l'origine, ce blog ne devait parler que de ça. Mais je peux pas parler de musique sans parler de moi et parler de moi a pris le dessus. 

Reporter : Oui, il a pas mal changé ce blog... Il va avoir quatre ans bientôt, c'est ça ?

Dylanesque : Oui, à l'automne. 

Reporter : À quoi bon tenir un blog en 2011, à l'heure de Facebook, Twitter, Tumblr, à l'heure où on dissèque la musique et où l'on dévoile sa vie privée à tous les coins du net ?

Dylanesque : Tant que je pourrais pas passer trois heures à disserter sur Dylan avec mes amis, j'écrirais sur ce blog. Tant que je ne pourrais pas vomir mon malheur pendant des heures sur mes amis, j'écrirais ici. 

Reporter : Ou vous pourriez tenir un journal intime. 

Dylanesque : Il va pas tarder à pleuvoir...

Reporter : La musique, donc. J'imagine que Bob Dylan vous a accompagné tout au long de l'été. 

Dylanesque : Oui. Je crois bien que mon obsession pour sa musique et lui n'a jamais été aussi grande. Il m'a suivi jusqu'à Barcelone et à fait partie intégrante du séjour. Et maintenant que je suis de retour, il est toujours là, plus que jamais. 

Reporter : Il faut préciser pour nos lecteurs que vous possédez une immense collection de bootlegs (ndlr : disques pirates, contenant des chutes de studio, des captations live et la quasi-intégralité du "Never Ending Tour", la tournée sans fin lancé par l'artiste en 1988 et qui continue encore aujourd'hui). 

Dylanesque : Oui, j'ai fait le plein de trouvailles récemment. Je possède exactement, 3350 morceaux de Dylan sur mon ordinateur. Dont 85 versions de "Like A Rolling Stone" et 58 d'"All Along the Watchtower". Je possède la quasi-totalité de sa discographie en vinyle et en CD. Et le pire, c'est que j'en suis fier. Que je me vante de cette folie qui fait mal à mon disque dur et à mon porte-monnaie. 

http://dylanesque.cowblog.fr/images/Dylan74harm.jpg

Reporter : Quel est l'album que vous avez le plus écouter cet été ?

Dylanesque : "Love & Theft". Que j'ai redécouvert après n'avoir jamais vraiment su comment le savourer. C'est simple : il suffisait d'être loin de chez moi, sous le soleil espagnol, de lui donner de l'attention, de l'écouter en marchant dans les rues de Barcelone. Autant d'énergie, de malice et de créativité dans le 30ème album d'un artiste, c'est rare et c'est jouissif. Je pèse mes mots. 

Reporter : Nous ne voulons surtout pas encourager nos lecteurs à recourir au téléchargement illégal, mais si vous pouviez nous donner quelques conseils concernant les bootlegs ?

Dylanesque : Patience. Si tout va bien et que ma folie ne retombe pas, une série d'articles concernant les meilleurs performances non-officielles du Zim devrait faire les beaux jours de mon blog. Prochainement. 

Reporter : Il semble que Dylan soit pour vous une source d'inspiration inépuisable. Tellement de choses ont été dites et écrites sur lui, sur papier ou sur la toile. Que raconter de nouveau ?

Dylanesque : Je ne sais pas s'il on peut raconter quelque chose de nouveau mais il est certain qu'on peut raconter quelque chose de personnel. C'est ce que je m'évertue à faire, parce que ça me démange et l'univers de Dylan m'offre des mots, des images, des histoires à partager et à livrer aux connaisseurs comme aux néophytes. C'est plus fort que moi et ça ne changera pas. 

http://dylanesque.cowblog.fr/images/Dylan2000zurich.jpg

Reporter : Pour en terminer avec Dylan, qui a fêté en mai dernier ses soixante-dix ans, pouvez-vous nous résumer son actualité ?

Dylanesque : Pendant que je me dorais la pilule en Catalogne, Dylan a fait le tour des Etats-Unis d'Ouest en Est et a livré de beaux concerts, avec de nouveaux arrangements pour "Mississippi" ou "Blind Willie McTell", grâce à une voix unique et un harmonica hanté. À l'heure où je vous parle, il doit probablement prendre un repos bien mérité, ajouter quelques chapitres à ses chroniques. Et à l'automne, il reprend la route avec un tour d'Europe qui passera par Lille et Paris (j'en serais). Si tout va bien, il fêtera en Allemagne la 2000ème performance d'"All Along the Watchtower". Et participera également à une compilation de chansons inédites d'Hank Williams, dont la sortie est prévu en octobre.  

Reporter : Bien. Et comme il n'y a pas que Dylan dans la vie, d'autres découvertes musicales à partager ?

Dylanesque : Une jolie américaine m'a fait découvrir Kaki King, une guitariste qui extirpe de la pure mélancolie de ses cordes et se met parfois à chanter timidement avec une voix d'ange. Allez écouter "Legs to Make Us Longer", datant de 2007 et vous me remerciez. J'ai pas mal écouté Neil Young et les Clash aussi. Le dernier Herman Düne, dont je me lasse pas. Mais en général, Dylan a pris bien trop de place pour que je laisse d'autre apprentis me charmer. La rentrée arrive et je vais sûrement me replonger dans tout ça. Surtout que mes deux émissions sur Radio Campus Angers seront de retour et que si je diffuse que l'ami Bob, mes auditeurs ça va les gonfler. 

Reporter : Merci pour la découverte. Je vois que vous-même jouer un peu de musique. 

Dylanesque : Être musicien, c'est le rêve de tout le monde, non ? J'ai commencé l'harmonica il y a cinq ans et j'ai perfectionné ma pratique cet été au contact de musiciens talentueux avec qui j'ai fait la manche. J'ai chanté, soufflé là-dedans comme un forcené et j'ai écrit quelques chansons. Rien de très sérieux. Putain de pluie. On va à l'intérieur ?

Suite et fin de l'entretien incessamment sous peu...



Vendredi 3 juin 2011 à 9:06

1975. Sam Shepard, scénariste et écrivain, se lance Sur la Route avec Bob Dylan. Ce dernier vient de s'embarquer dans la Rolling Thunder Revue, en compagnie d'une bandes d'illuminés qui sillonnent les routes d'Amériques lors d'un froid hiver. Shepard devient le Sol Paradise d'un Dean Moriarty incarné par Dylan. 

Et Sam Shepard écrit ça :

"Si les chansons de Dylan ont un impact particulier sur moi, c'est parce qu'elles suggèrent toujours des images, des scènes entières qui se déroulent, en couleurs et en trois dimensions, pendant que je les écoute. C'est un cinéaste instantané, je dirais. Bien sûr, il est probable que chaque auditeur ne verra pas le même film à l'écoute du même air et pourtant, j'aimerais bien savoir si quelqu'un d'autre a devant les yeux le petit jardin public embrumé de pluie, le banc et les deux silhouettes baignées de lumière jaune que conjure toujours pour moi "Simple Twist of Fate". Ou la même plage dans "Sara", ou le même bar dans "Hurricane", ou la même cabane dans "Hollis Brown", ou la même fenêtre dans "It Ain't Me, Babe", ou la même table et le même cendrier dans "Hattie Carroll", ou la même vallée dans "One More Cup of Coffee"... Comment les images deviennent-elles des mots ? Comment les mots se transforment-ils en images ? Et comment arrivent-ils à générer de l'émotion en nous ? C'est, tout simplement, un miracle." 

http://dylanesque.cowblog.fr/images/tumblrllodknllzu1qgql3uo1500-copie-2.jpg

"Tout mythe est un moyen d'expression chargé de puissance, parce qu'il s'adresse aux émotions, non à la raison. Il nous transporte dans une sphère de mystère. Certains mythes ont le pouvoir de changer quelque chose en nous, ne serait-ce que l'espace d'une minute ou deux. Dylan crée du mythe à partir du pays qui nous entoure, de la terre que nous foulons chaque jour et que nous ne voyons pas, jusqu'à ce que quelqu'un nous la montre". 


Voilà, tout est dit. Merci Sam Shepard, je n'ai plus rien à rajouter.
Au fait, je pars au bord de la mer...





Dimanche 29 mai 2011 à 0:10

Halloween, 1964. Au Philarmonic Hall de New York, la foule se rassemble pour assister au spectacle du jeune songwriter Bob Dylan. Du haut de ses vingt-trois ans, ce dernier a déjà conquis la scène folk, que ce soit seul dans de sombres cafés, accompagné par Pete Seeger ou Joan Baez au festival de Newport, ou à travers trois albums déjà considéré comme de petits chefs-d’œuvre. Le dernier en date, « Another Side of Bob Dylan », est irrévérencieux, malicieux, il sent bon le vin et la liberté, c’est l’album d’un gamin qui se prend pour Rimbaud et gueule joyeusement dans son micro qu’il n’a de comptes à rendre à personne et qu’il est plus jeune que jamais.

http://dylanesque.cowblog.fr/images/Dylan64n.jpg

Pourtant, quand il entre sur scène, Dylan exécute « The Times They Are A-Changin’ », l’une de ses protest-songs les plus fameuses, l’une de celles qui lui ont collés une étiquette dont il essaye de se défaire tant bien que mal. Mais cela ravit la foule qui s’exclame et Dylan bâcle sa corvée, calculateur. Revisiter ses vieux classiques purement folk l’amuse après tout, il a un peu trop bu et avec le recul, tout ça n’est pas bien sérieux, comme « Who Killed Davey Moore ? » qui devient presque une boutade. Une chanson sur un boxeur qui boxait mais une chanson qui ne parle de rien, juste une chanson qui rassemble des mots ensemble. Une chanson extraite des journaux où rien n’a été changé si ce n’est les mots. Dylan, un petit rigolo.

C’est ce qui est plaisant sur ce témoignage, le sixième volume des Bootlegs Series : l’aspect léger et fun de la performance, celle d’un Dylan imbibé d’alcool (et autres) que l’on entend sourire, rire et plaisanter avec son public. C’est touchant, parce que l’on sait que bientôt, il ne sera plus question de s’amuser avec la foule mais de devoir supporter son mécontentement. Alors vite, il faut expédier les vieilles chansons pendant qu’il est encore temps, pendant que c’est encore amusant, comme « Hattie Carroll »,  extraite elle aussi des journaux, ou « Hard Rain’s A-Gonna Fall » qui garde tout de même sa gravité bien après que la menace des bombes ne soit passée. C’est toute la force d’un poème aussi bien ficelé : qu’elle que soit l’humeur ou le contexte, malgré tous les faux accords, il garde toute sa puissance d’évocation.

Ce qui est touchant également, c’est l’intervention de Joan Baez. Elle encore l’amoureuse, la muse, celle qui a pris le petit Bobby par la main pour le faire grimper aux sommets, celle qui le protège et lui apprend les ficelles du métier. Mais bientôt, elle sera un frein à sa carrière et un poids dont il voudra se débarrasser, lors d’une tournée londonienne immortalisé par le documentaire « Don’t Look Back ». On assiste donc ici à une histoire d’amour qui va mal se terminer mais qui fait encore des étincelles, le temps d’un « Mama, You Been On My Mind » chaleureux, que l’on aime la voix haut perchée de Baez ou pas. Si ce n’est pas le cas, il faut passer « Silver Dagger », un traditionnel qui sera difficile à digérer si l’oreille est fragile aux aigues. Moi, j’aime beaucoup leur duo sur « With God On Our Side », qui rappelle les plus belles heures du festival de Newport et de la beauté du folk des années soixante, des débuts. On ne sait pas si Dylan y croit autant que Baez mais l’union des voix fait encore de l’effet, pour la dernière fois. Avant qu’il ne la laisse tomber, qu’il ne lui dise au revoir, ne t’en fais pas, tout ira bien. C’est un peu ça le « Don’t Think Twice », à l’origine écrit pour Suze Rutolo, adapté ici pour Baez et tourné en dérision avec un Dylan qui gueule les refrains en se voilant la face. Drôle et émouvant à la fois. Comme sur « It Ain’t Me Babe », leur plus belle collaboration scénique à ce jour.

http://dylanesque.cowblog.fr/images/tumblrlcjr7michI1qecpfvo1500.jpg

Les morceaux qui fonctionnent le mieux sont bien sûr ceux que Dylan vient de pondre, ceux auquels il offre un écrin doré : « Gates of Eden » et « It’s Alright Ma » sont de la rage à peine retenue, un feu qui commence à brûler et prendra toute son ampleur lors de la trilogie électrique à venir. De son côté, « M. Tambourine Man »  est cette envoutante berceuse, cette hymne à l’évasion des sens, traversé par un harmonica virevoltant. Traversant le micro, la voix de Dylan résonne dans toute la salle et prend un air plus péremptoire, plus mature. Plus sincère aussi.

Ce que je préfère moi, c’est de voir un gamin s’épanouir, être au sommet de tous et se fendre la gueule. Que ce soit sur « All I Really Want To Do », caprice de star éméchée ou « If You Gotta Go », ballade purement comique, Dylan se fout de la gueule du monde. Il a trouvé le moyen de s’échapper un temps de la pression, de faire son boulot de songwriter avec un plaisir nouveau, avec fraîcheur. En rajoutant de nouvelles blagues sur « Talkin’ World War III Blues », en jouant les séducteurs sur « To Ramona », en nous rappelant à quel point il est jeune et rêveur sur « Spanish Harlem Incident ».  Il porte son masque de Dylan, Halloween oblige, mais ça ne l’empêche pas d’être authentique et ouvert à son public pour une fois. Pour l’une des dernières fois.

Le témoignage d’une fin d’époque, d’une transformation, celle d’un gamin charismatique qui a conquis le monde de la folk et ne va pas tarder à devenir une rock-star. Qui commence à chanter fort et à n’en faire qu’à sa tête. Qui devient Bob Dylan pour de bon. 

Samedi 28 mai 2011 à 21:19

Je suis retombé dans une période Dylan. C’est quoi une période Dylan ? Lever à dix heures. Un « Theme Time Radio Hour » pour se réveiller tranquillement, avec la douce voix du vieillard savant. Je pars à la recherche de bootlegs sur la toile, je traîne sur les différents forums consacré au musicien, je discute avec mes amis de DylanRadio. Parfois, il faut travailler, parfois il faut sociabiliser. Mais dès que je rentre à la maison, je pose un disque sur ma platine, « Time Out Of Mind » en ce moment, et je me pose sur mon balcon avec une cigarette et un verre de vin. Nouvelles recherches sur la toile. Lectures. Rêveries. Je me sens moins seul et je passe une nuit blanche en compagnie de Dylan. Et le matin, tout recommence et c’est inépuisable jusqu’à ce qu’un changement d’humeur ou une lassitude me soigne de cette terrible maladie.

http://dylanesque.cowblog.fr/images/tumblrllo352Hu6Z1qaj9lko1500.jpg

Et en cette période de grande solitude, je peux toujours compter sur Dylan. J’ai l’impression que tout le monde a désertée autour de moi. Sans me prévenir. Que tout le monde a foutu le camp. Et que même en rappelant les troupes, certains ne reviendront pas. Moi-même, je prévois ma grande évasion annuelle. À Barcelona. J’ai trouvé l’appartement, il me manque plus qu’un simple petit boulot pour déguerpir et passer un bel été. Fêter pour la troisième fois mon anniversaire dans la plus chouette ville que je connaisse. Trouver une jolie catalane, lui chanter « Boots of Spanish Letter » à cappella, la séduire et l’amener se promener pieds nus sur la plage, parmi les ivrognes et les touristes, lui déclarer ma flamme et la ramener auprès de moi pour ne plus jamais me sentir seul.   

J’ai trouvé de nouveaux amis aujourd’hui. À la foire aux disques qui s’est installée près de chez moi. J’ai d’abord tenté de compléter ma collection de Dylan, avec un « Knocked Out Loaded » par ci, un bootleg par là. Puis, j’ai fait des folies avec « Combat Rock » des Clash, « Graceland » de Paul Simon, « Wild Life » et « Band On the Run » des Wings, « New Skin For the Old Ceremony » de Cohen. Je me suis même amusé à voler le premier album des Beatles et un live de Jonathan Richman quand le vendeur avait le dos tourné. J’ai déniché un exemplaire du NME datant de décembre 97 avec Thom Yorke en couverture et des K7 audio de T-Rex et des Cure que j’ai oublié sur le comptoir, comme un idiot. Je suis revenu chez moi avec le porte-monnaie léger mais les oreilles pleines, le cœur rempli de joie en écoutant toutes ces merveilles, en oubliant le temps. Et puis j’ai ouvert la boite aux lettres et c’était ma première déclaration d’impôt. Le coup dur. Le retour à la réalité. Le passage à l’âge adulte. Le cauchemar. Tout s’est enchaîné. Le dossier en retard, la lettre de motivation à rédiger, le ménage et la vaisselle à faire, tout ce que j’ai repoussé au lendemain. Je me suis posé deux minutes, avec d’un côté ma pile de disque et de l’autre ma pile de travail. Et puis j’ai les mis les Ramones sur ma platine, « hey ho let’s go », et j’ai envoyé balader tout le reste…

http://dylanesque.cowblog.fr/images/tumblrl6m8hxvkGz1qzkegwo1500.gif

En écoutant les émissions de radio de Dylan, je découvre un tas de trucs. J’aimerais les partager moi aussi. J’en propose pas mal de chansons méconnus avec mes deux émissions de radio, mais j’aimerais trouver un moyen d’en faire plus. D’être payé pour être un passeur de musique. J’ai eu l’idée d’ouvrir un nouveau blog avec une nouvelle chanson tous les jours et puis je l’ai abandonné parce que Internet ne suffit pas, Internet est déjà plein de chansons abandonnées. J’ai pensé à écrire un bouquin mais je ne sais plus écrire, je n’arrive plus à me concentrer suffisamment. Et puis personne ne peut battre Dylan à ce jeu de la belle histoire, de l’anecdote, de la sélection méticuleuse de fantômes du passé qui te hantent toute la soirée.

Une soirée en solitaire donc, avec un verre de vin, de la crème glacé, des cigarettes. Et Dylan. J’ai bu et j’essaye d’écrire de la poésie, des chansons, mais j’ai bu. Et personne ne joue de guitare à côté de moi, personne ne peut lire ce que j’écris. Alors, je chante, je joue un peu d’harmonica. Je déprime, je m’illumine, je pense à l’été, je pense à l’hiver, je pense à tout, à rien, je déblatère, je me trouve des excuses puis je culpabilise et je monte le son encore plus fort pour noyer la mélancolie. Une soirée comme les autres. Je vais sûrement me réveiller demain matin, j’aurais mal au crâne et la lettre des impôts va me retomber dessus, tâchée par le cul de la bouteille vide. J’aurais du mal à respirer, les poumons fatigués, l’esprit embouée et j’irais me réfugier dans les bras de Dylan.

Je vous souhaite une bonne soirée, malgré tout. 

Mardi 24 mai 2011 à 0:39

Happy Birthday Bob ! Le Telegraph vient de publier 70 raisons qui prouvent que Bob Dylan est la figure la plus importante de la pop-culture. Pour fêter l’anniversaire de celui qui est encore bien vivant, je me lance moi-même dans cet exercice, mais de manière personnelle. 70 raisons qui prouvent que Bob Dylan est l’artiste le plus important pour moi depuis déjà cinq ans et pour toujours. 

http://dylanesque.cowblog.fr/images/tumblrllkuca3gFf1qab90ko1500.jpg

1. Parce qu’il a écrit “Like A Rolling Stone”, seule chanson que je peux écouter une fois par heures sans jamais qu’elle ne perde de sa superbe, de sa puissance émotionelle, une chanson qui a libéré mon esprit et a changé ma vie. 
2. Parce que ses chansons d’amour et ses anti-chansons d’amour ont ce pouvoir étrange de me rendre mélancolique, heureux, de me faire pleurer et de me redonner l’espoir, de me faire rester debout jusqu’à quatre heures du matin en fumant blonde sur blonde et en repensant à toutes les filles dont je suis tombé amoureux et de me réveiller en partant à la recherche d’une nouvelle âme sœur. 
3. Parce qu’on a rarement vu quelqu’un d’aussi photogénique. La preuve en images sur toutes les pages de ce blog.  
4. Parce que dès le lycée, il voulait devenir Little Richard et que moi, depuis le lycée, je veux devenir Bob Dylan.
5. Parce que je peux lancer ma collection de Dylan sur mon ordinateur et que sa discographie officielle ou non est tellement riche que si je reviens chez moi dans deux ans, Windows Media Player en aura pas encore fait le tour. 
6. Parce qu’on te demande qui est Bob Dylan et quelle est sa musique, il est impossible de répondre à la question en moins de trois semaines. 
7. Parce que si tu aime le folk, le rock, le blues, le gospel, la pop, la country ou l’Amérique, il est impossible de ne pas aimer au moins une chanson ou un album de Dylan. 
8. Parce que la plupart de ses pochettes d’albums sont inoubliables et que je les aiment toutes, même celle de « Saved », c’est pour dire…
9. Parce qu’il a toujours su s’entourer de jolies femmes mais n’a jamais su les garder auprès de lui parce que c’est le plus génial des insociables. Un modèle pour nous tous. 
10. Parce qu’il ne se repose jamais. Si quelque chose fonctionne, il le détruit pour mieux le reconstruire. Quand il commence à devenir feignant, il se réveille et illumine tout le monde en pendant sans prévenir un album miraculeux. 

http://dylanesque.cowblog.fr/images/tumblrlgdv3iw8kO1qzk9r2o1500.jpg

11. Parce qu’à 70 ans, il continue de réinventer son œuvre sur scène, quasiment tous les soirs, pour le pire et pour le meilleur, pour l’art, pour le plaisir, parce que c’est sa raison de vivre et qu’il est le dernier des troubadours. 
12. Parce qu’il est attachant à 23 ans ivre sur scène, hypnotisant à 25 ans possédé sur son orgue, séduisant à 28 ans en nous saluant du chapeau, mystique à 34 ans en se la jouant gitan, intriguant à 40 ans en se prenant pour un révérend, bouleversant à 56 ans en écrivant son testament avant l’heure et qu’à 70 ans, c’est toujours un mystère.
13. Parce que son émission de radio, « Theme Time Radio Hour » est la plus belle et amusante leçon d’histoire de la musique jamais enregistrée.  
14. Parce qu’on peut passer sa vie à lui courir après sans jamais le rattraper, en faire le tour ni le connaître. Et qu’on aura pas fini d’analyser son œuvre dans un millénaire. 
15. Parce que tous les matins, je me lève en espérant qu’il soit encore vivant et que tous les soirs, il me berce lorsqu’il est tard et que je me sens seul. 
16. Parce que le jour de mes seize ans, j’ai embarqué « Highway 61 Revisited » sur une route bretonne et que j’ai découvert qui j’étais, ce que je voulais faire et pourquoi parfois, c’est chouette d’être vivant. 
17. Parce que la pochette de « Nashville Skyline » veille sur moi jour et nuit au dessus de mon lit. 
18. Parce que je peux pas écouter « Sad-Eyed Lady Of The Lowlands » sans pleurer. 
19. Parce la version de « Shelter From The Storm » que l’on retrouve sur le live « Hard Rain » me donne envie de crier sous l’orage et de monter sur une scène pluvieuse pour gueuler dans un micro. 
20. Parce que le jour de mes 20 ans, à Barcelone, mon colocataire à demandé à un serveur de passer Bob Dylan et que les enceintes du bar où je buvais ma sangria d’anniversaire a gémie « Forever Young ».

http://dylanesque.cowblog.fr/images/tumblrlkkzv1J1HI1qawgyho11280.jpg

21. Parce que la réponse est soufflée dans le vent, mon ami. 
22. Parce qu’il a fallu six acteurs différents pour l’interpréter dans « I’m Not There » le biopic maladroit mais passionnant de Todd Haynes. Et que c’est une femme qui s’en est le mieux sorti figurez-vous. 
23. Parce qu’il a écrit un album de Noël surréaliste, absurde et à mourir de rire, dont les fonds sont tout de même reversé à une association pour les gamins à chaque fois que l’album est vendu. 
24. Parce qu’il a toujours pondu d’énormes farces en se foutant de la gueule du public avant que l’on réalise sans aucune objectivité que c’est un génie et que de toute façon, il n’a aucun compte à nous rendre. 
25. Parce que les trois meilleurs documentaire sur la musique sont à son sujet : « Don’t Look Back », « Eat the Document » et « No Direction Home ». 
26. Parce qu’en parlant de cinéma, la bande originale de « Pat Garrett & Billy The Kid » est mon éternel compagnon de voyage et de soleil. 
27. Parce que sa prestation dans ce western est à mourir de rire. 
28. Parce que sa prestation dans « Masked And Anonymous » est quelque chose d’étrange, d’unique, de pas normal. 
29. Parce qu’il a filé un joint à Lennon et McCartney, jammé avec Johnny Cash et ouvert l’esprit à Bruce Springsteen. 
30. Parce qu’il a donné les interviews les plus passionnantes et arrogantes qui existent sans pour autant qu’on arrive à le percer à jour. Une putain de répartie. « Keep a good head and always carry a lightbulb ».  

http://dylanesque.cowblog.fr/images/tumblrlc97o7ZLu11qecpfvo1500.jpg

31. Parce qu’il a illuminé cinq décennies de sa musique et que c’est pas fini. 
32. Parce que « Visions Of Johanna ». 
33. Parce qu’il a écrit la biographie la plus intelligente, originale et poétique que j’ai pu lire et que ce n’était que le premier volume et que j’attends la suite comme si j’attendais un nouveau Nouveau Testament. 
34. Parce qu’entre 65 et 66, il a surpassé tout le monde au niveau de l’élégance et du bon goût vestimentaire. Tellement que même aujourd’hui, le moins hip des lycéens tentent de lui ressembler sans le savoir.
35. Parce que chaque chanson de Dylan me ramène à un moment de ma courte vie, à un souvenir, à une personne, à un sentiment, à une saison, à une anecdote et que si j’ai commencé à écrire, c’était pour partager cette chose étrange, le pouvoir de la musique, le pouvoir d’évocation de Dylan. 
36. Parce que je l’ai cité sur toutes mes copies d’examens, du Bac à la fac. 
37. Parce que sans le savoir, « Subterrannean Homesick Blues » est le meilleur clip de l’histoire. Et le meilleur morceau de rap jamais écrit et interprété. 
38. Parce que le seul instrument dont je joue, c’est de l’harmonica et que je lui dois.
39. Parce que oui, je joue aussi de la voix et j’ai appris à chanter avec lui, ce qui revient à improviser et à être aussi aléatoire que possible. 
40. Parce que bon je dis ça, mais je l’adore sa voix. C’est la plus imprévisible, reconnaissable, méconnaissable, confortable, surprenante, changeante que je connaisse et qu’elle est pleine de contradictions et de richesses, à son image. 

http://dylanesque.cowblog.fr/images/BobDylan32PA190511.jpg

41. Parce que par exemple, allez réécouter la manière dont il prononce « no place to fall » à 01 :05 sur « She Belongs to Me » ou « blow it up » sur « Desolation Row » ou encore « not a house, it’s a home » sur « The Ballad of Frankie Lee & Judas Priest ». Les exemples sont innombrables. 
42. Parce que son jeu de guitare sur « Corrina, Corrina » est la mélancolie incarnée, le passage du temps que l’on ne peut rattraper et qui est pourtant gravé sur le plus bel album de folk jamais enregistré.  
43. Parce que le piano sur « I’ll Keep It With Mine » est beau à pleurer. 
44. Parce que l’orgue sur « Ballad Of A Thin Man » me donne toujours autant la chair de poule à chaque écoute. 
45. Parce que le son de batterie qui inaugure « Like A Rolling Stone » me fera toujours tendre l’oreille et prendre mon pied. 
46. Parce que le solo d’harmonica sur « Desolation Row », la plus belle fresque surréaliste du 20ème siècle. 
47. Parce que c’est un type qui peut se permettre de mettre de côté une chanson comme « Blind Willie McTell » alors que n’importe quel artiste pourrait faire sa carrière sur ce chef d’œuvre. Et que des comme ça, il lui en reste plein dans les tiroirs. Déjà neuf volumes à ses bootlegs officielles. 
48. Parce que même dans ses pires albums, il y a une perle. « Every Grain Of Sand » ou « Dark Eyes » tiens. 
49. Parce qu’il a écrit “All Along the Watchtower”, le meilleur morceau de Jimi Hendrix. 
50. Parce qu’à mon enterrement, je veux « When The Deal Goes Down ». Ou « Not Dark Yet ». Ou « Most Of The Time ». Je vous laisse le choix, hein ?

http://dylanesque.cowblog.fr/images/Dylan75h.jpg

51. Parce que « Blood On The Tracks » est l’album des amoureux. Et que si tu as déjà été amoureux dans ta vie, il te parlera et te prendre aux tripes. 
52. Parce que je l’ai vu deux fois en concerts, que je l’ai approché à moins de deux cent mètres et que par conséquent, j’ai vu Dieu et peut mourir heureux. 
53. Parce que grâce à lui, un homme a été libéré de prison et que « Hurricane » est une chanson que même mes amis roots passent en soirée. 
54. Parce que sa musique a toujours été là pour moi, à tous moments, à tous les endroits, quand j’en avais besoin, quelle que soit mon humeur et qu’elle m’a permis d’être un refuge, une différence, un moyen de rencontrer des gens, une passion, un moyen d’expression, une seconde vie.
55. Parce que seul peut chanter pour le Pape ou le Président et rester à contre-courant. 
56. Parce qu’il a présenté le folk au rock et qu’ils se marièrent et eurent de beaux enfants. Les Byrds par exemple. 
57. Parce qu’ « Oh Mercy » de Bob Dylan est le meilleur comeback de l’histoire de la musique. Avec « Time Out Of Mind », de Bob Dylan.
58. Parce que c’est une planète qui ne s’arrête pas de tourner et qu’on n’aura jamais fini d’explorer. C’est pas moi qui dit ça, c’est Tom Waits. À quelques mots près.
59. Parce que tous ceux qui me rencontrent finissent toujours par repartir avec un petit bout de Dylan. Un CD, une anecdote, une passion, un souvenir. Pas vrai les filles ? 
60. Parce que c’est un survivant. Un accident de moto, plusieurs divorces, des poumons malades, un milliard de cigarettes, les années 80. Il s’est pris tout ça sans broncher et est encore là en 2011. 

http://dylanesque.cowblog.fr/images/tumblrlcrul7lWR81qecpfvo1500.jpg

61. Parce qu’ « I don’t believe you, you’re a liar… Play fucking loud ! »
62. Parce qu’on a écrit tellement de bouquins à son sujet qu’il y a de quoi remplir une bibliothèque. Et que il y en a encore beaucoup à paraître. 
63. Parce que même toutes les conneries écrites et débités par Hughes Aufrey n’ont pas encore réussi à décrédibiliser Dylan par chez nous. N’empêche, il faut l’empêcher de nuire le Aufrey, ça peut plus durer.
64. Parce que tant que je n’aurais pas chroniqué chacun de ses albums, ce blog continuera d’exister. J’ai encore du boulot…
65. Parce qu’à chaque fois que j’entre chez un disquaire, je commence par fouiller dans le rayon Dylan avec toujours l’espoir de trouver quelque chose de nouveau. Juste pour vérifier. 
66. Parce que je me suis perdu dans les rues de Lisbonne alors que j’étais ivre et que j’avais « Highlands » dans mon mp3 et Dylan m’a guidé pendant quinze folles minutes. 
67. Parce qu’en remontant le fil de ses influences, j’ai découvert Woody Guthrie, Hank Williams et Robert Johnson, la sainte trinité de la folk country blues américaine.   
68. Parce qu’il m’a appris à parler et à comprendre l’anglais.
69. Parce qu’il m’a permis de garder de beaux souvenirs de jeunesse, de catalyser mes rebellions d’adolescents et de passer à l’âge adulte tout en gardant une âme d’enfant. Parce qu’il m’a appris le cynisme et m’a donné les armes pour le combattre. Parce qu’il me rend heureux. 
70. Parce que c’est Bob Dylan et qu’il est éternel. 

http://dylanesque.cowblog.fr/images/Dylan2008.jpg

"I was born here and I’ll die here against my will
I know it looks like I’m moving, but I’m standing still
Every nerve in my body is so vacant and numb
I can’t even remember what it was I came here to get away from
Don’t even hear a murmur of a prayer
It’s not dark yet, but it’s getting there"



 

 

Jeudi 28 avril 2011 à 21:57

Je me suis dit qu'il fallait que j'écrive quelque chose. La dernière fois, je vous avais laissé avec un paquet de mots pas très joyeux et pas très rangés et j'ai bien senti qu'à force de vous imposer ma tristesse, j'allais perdre la bonne moitié de mon lectorat. Alors ce soir, une note d'espoir. 

http://dylanesque.cowblog.fr/images/tumblrlj896ubeTL1qe9n2do1r1500.jpg

Je suis en vacances, ce qui me donne le temps de lire et j'avais presque oublié le plaisir de lire après deux années et demie à étudier la littérature. Je découvre des classiques que je ne connaissais même pas : les nouvelles de J.D. Salinger, "Le Monde de Garp" par John Irving et "Les Lois de l'Attraction" par Bret Easton Ellis. Je lis sur la terrasse de la maison maternelle avec une cigarette dans la main et le soleil qui me réchauffe la nuque. J'écris aussi, dans un carnet que je remplis avec une régularité retrouvée, jour après jour. J'écoute beaucoup de musique et avec un enthousiasme fou : Yuck qui est un groupe merveilleux, le nouveau Jeremy Jay, le nouveau Explosions in the Sky, les complaintes de Lisa Germano et de Marc Bolan et puis les Clash et les Ramones, car je suis retombé dans une obsession soudaine pour le punk-rock. Joe Strummer est un héros. Dylan revient peu à peu dans ma vie, lui aussi. L'été est en avance et je dors bien. 

Je voulais vous offrir le nouvel épisode de ma web-série mais à cause d'un souci technique, il faudra attendre. Je voulais aussi vous invitez à venir voir mon monologue qui s'appelle "Lisa doit mourir" et que je rejoue à Rennes le mardi 3 mai. Que je devrais rejouer à Poitiers et à Angers fin mai. Que j'ai déjà joué plusieurs fois et qui me fait rencontrer plein de gens sympas. 

J'ai trouvé du travail pour cet été. À Brighton, sur la côte anglaise, au bord de la Manche et d'une fête foraine géante. Enfin, je vais y aller et j'y trouverais sûrement un job de vendeur de glaces ou de préposé à la vaisselle. J'aurais pu travailler à l'usine et amasser beaucoup d'argent mais je me dis que les souvenirs sont plus importants que l'argent et l'été, c'est là qu'on se fait les plus beaux souvenirs. 


Demain, je pars pour un séjour en Bretagne, direction le Finistère. C'est la plus belle chose qui puisse m'arriver en ce moment. Je serais avec mes amis les plus proches, j'ai préparé mes K7 pour la route, j'amène mon carnet pour écrire sur l'Océan et les mouettes. Et tout devrait aller pour le mieux. 

http://dylanesque.cowblog.fr/images/tumblrlj1l1yNstq1qhk1ajo1500.jpg

Ce doit être moins fun à lire quand je vais bien, c'est pourquoi je fais court. Je ne parlerais pas de tous ces morts à qui je pense avec un profond sentiment d'impuissance, à qui je pense en silence. Je ne me lancerais pas dans de longues chroniques musicales car si j'ai retrouvé l'oreille, j'ai perdu la plume. Je ne parlerais pas du mariage royal, de ma glorieuse visite chez le médecin ou de mes nouveaux projets. Non, je me suis juste dit qu'il fallait que j'écrive pour vous dire que je suis encore là et pour vous rappeler qu'il y a plein de belles chansons à écouter. Alors je vous laisse avec une nouvelle playlist rempli de ritournelles qu'il faut écouter pendant ces vacances, que vous soyez heureux ou triste, il faut les écouter pour vous reposer l'esprit et rêver un peu. 

Dylanesque#1
(oui, mes playlists deviennent un rendez-vous régulier,
vous n'avez plus qu'à cliquer sur la photo ci-dessous pour écouter)
1) Get Away (Yuck) / Album : Yuck (2011)
2) In The Times (Jeremy Jay) / Album : Dream Diary (2011)
3) Don't Worry Baby (Ronnie Spector) / Album : She Talks To Rainbows (1999)
4) Look Good In Leather (Cody Chesnutt) / Album : The Headphone Masterpiece (2002)
5) Dream The Sweetest Dreams (Television Personalities) / Album : My Dark Places (2006)
6) Again Today (The Feelies) / Album : Here Before (2011)
7) Drizzling Not Dazzling (Cocosuma) / Album : We Were A Trio (2005)
8) Way To Go (John Cunningham) / Album : Happy-Go-Unlucky (2002)
9) Remember Our Heart (Alexander) / Album : Alexander (2011)
10) Postcard From 1952 (Explosions in the Sky) / Album : Take Care, Take Care, Take Care (201
1)

Mercredi 13 avril 2011 à 1:42

Avril 2011. 

http://dylanesque.cowblog.fr/images/Dylan66v.jpg

J'ai accumulé tellement de choses à raconter que je ne sais plus quoi raconter. Je dors un peu mieux mais je suis plus lunatique que jamais. Je me plains alors que franchement, je suis pas à plaindre. J'ai troqué mon arrogance pour de la froideur. J'ai les cheveux tout courts, ça me rend encore plus sévère et ça me donne froid au crâne. J'écoute toujours la musique de mes quinze ans dans une bulle de nostalgie qui ne me protège même plus du reste. J'ai raconté ma vie sur une scène de théâtre mais ça n'a soulagé personne. J'ai une idée plus précise de ce que je vais faire l'an prochain, mais c'est plus par dépit que par volonté. Je cherche naïvement un job d'été qui me permettrait à la fois un salaire et de l'évasion. Je me vois bien vendre des glaces sur la plage de l'île d'Oléron. Je vais aller prendre l'air du côté de Brest et Quimper pendant les vacances, ce sera du plaisir éphémère, pour pas cher. J'ai de quoi me réjouir musicalement parlant car je vais aller voir Explosions in the Sky en vrai et que pleins de beaux albums me tombent dans les oreilles en ce moment, du nouveau Bill Callahan au dernier Low en passant par la livraison annuel de l'ami Jeremy Jay. Je me suis même replongé l'espace d'un instant dans Nirvana grâce à mon colocataire et ça m'a rendu étrangement triste. Kurt Cobain m'a refait penser à la mort, de manière encore plus sinistre que la dernière fois. L'autre jour, il a fait vraiment beau et j'ai presque passé une belle journée, toute simple, mais une fois la nuit tombé, avec toutes les lumières grillés dans l'appartement, j'ai de nouveau broyé du noir. Dans le noir. Sans le vouloir. J'espère que ma web-série vous plaît et je vous remercie pour vos commentaires chaleureux. Je culpabilise parce que je ne prends pas le temps d'y répondre. Ni de commenter à mon tour vos blogs qui font parties des belles lectures quotidiennes. Je fume toujours autant et pour la première fois, j'ai l'impression de sentir mes poumons s'obstruer, se noircir. Parfois je me mets au travail et j'adapte mon roman préféré de Jack London en pièce de théâtre mais je ne suis plus aussi efficace qu'avant, il me faut du temps, une concentration qui n'est pas là. Je gagne ma vie en surveillant des lycéens toute la journée, tout ça pour acheter mes cigarettes et des surgelés. Je mange mal. Quand je m'ennuie vraiment trop, je nettoie mon appartement et puis je le laisse devenir dégueulasse jusqu'à ce que ce ne soit plus vivable. Je me brise le coeur à tomber amoureux de tout et de rien. Je brise des amitiés à force de m'en foutre. Je ne sais plus que je veux alors que c'est savoir ce que je veux qui m'a toujours fait avancer. J'ai des petits demi-frères que je ne vois même pas grandir. J'ai les ongles sales, les chaussettes troués. Ma consommation de whisky a augmenté de manière inquiétante. Parfois, je ne pense pas à l'amour et parfois j'y pense trop. J'y pense jamais au bon moment. Mes chansons préférés m'y font cruellement penser. J'aimerais apprendre à jouer du piano en claquant des doigts mais j'ai du mal à claquer des doigts. Je ne vais plus du tout au cinéma et je n'aime pas qu'on me parle des films que je n'ai pas vu, ça me rend amère. Je savais épicé mon quotidien, je ne fait que le rendre plus amère, jour après jour. Je me couche tard, je me lève sans vraiment me réveiller. Je voudrais me remettre à dessiner comme avant mais je ne trouve jamais le courage de chercher un crayon. Je n'ai plus de crayon à porté de main mais un ordinateur qui me fait mal aux yeux. J'ai peur de perdre mes vrais amis et de m'en vouloir toute ma vie. Ma mère me manque mais quand je la revois, j'ai vite besoin d'espace. J'ai besoin d'air mais dès que je respire un peu, j'ai mal dans tout mon corps. Je me comporte comme une gamine capricieuse. Je suis narcissiste, obsessionnel, compulsif, égoiste et le pire, c'est que je le sais. Que je m'en fous. Je fais des fautes d'orthographe et ça ne me dérange pas. J'écoute de nouveau Dylan, mais toujours la même chanson, "Queen Jane". Je ne comprends pas ce qui se passe dans le monde et je ne cherche pas à comprendre. Je veux rencontrer quelqu'un qui me comprends mais je suis trop tourné vers moi-même pour chercher à comprendre qui que ce soit. J'aimerais être invisible et j'aimerais que tout le monde me voit. J'ai hâte que l'été commence mais j'ai peur de le gâcher. L'eau de mon robinet a un drôle de goût. Même les étoiles ne brillent pas vraiment. Et il recommence déjà à faire froid. 

http://dylanesque.cowblog.fr/images/tumblrlivxmhMlL11qechu6o1500.gif

Cette chanson me fait pleurer et je l'écoute tous les soirs avant de me coucher. 
"So many movies
Touching the memories
Leaving you cold
Or making you cry
No one to run to
No one to hold you
No one to take you
Away from the need to go to hell
All of the ugly
Field of vision
Maybe the anger
Is just what you needed
Go to hell fuck you
Go to hell fuck you
go to hell
Mirror mirror
Help me see clear
Say yes
Say maybe
See possibilities
Go to hell fuck you
Go to hell fuck you
go to hell
I love you I love you too"
("Red Thread" - Lisa Germano)


Désolé de vomir comme ça. 
À plus tard.  

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Page suivante >>

Créer un podcast